Emma Goldman (1869–1940) était une militante anarchiste, féministe et philosophe politique d’origine lituanienne, naturalisée américaine. Sa philosophie est profondément marquée par la recherche de liberté individuelle, justice sociale, et émancipation humaine dans toutes ses dimensions — politique, économique, morale et sexuelle. Voici les grands axes de sa pensée :
| Domaine | Position d’Emma Goldman |
|---|
| Politique | Anarchisme anti-autoritaire |
| Économie | Anticapitaliste, favorable à la coopération libre |
| Féminisme | Émancipation intégrale des femmes, amour libre |
| Morale | Rejet de la morale religieuse et bourgeoise |
| Individu | Autonomie, créativité, responsabilité personnelle |
| Culture | Art et joie comme formes de résistance |
?? 1. L’anarchisme comme idéal de liberté
Pour Goldman, l’anarchisme est la seule philosophie politique véritablement libératrice.
Elle rejette toutes les formes d’autorité :
- l’État (qu’elle voit comme oppressif et violent),
- la religion (qui asservit les esprits),
- le capitalisme (qui exploite les travailleurs),
- et même certaines normes sociales (qui brident la créativité et l’amour).
« L’anarchisme vise à libérer l’esprit humain de la domination de la religion, le corps humain de la domination de la propriété, et à libérer les chaînes imposées par le gouvernement. »
Elle voyait l’anarchisme non pas comme le chaos, mais comme un ordre naturel fondé sur la coopération volontaire et la responsabilité individuelle.
?? 2. La critique du capitalisme et de l’État
Goldman considérait que le capitalisme déshumanisait les individus en les réduisant à des instruments de production.
L’État, de son côté, protège ces inégalités en utilisant la violence institutionnelle (police, armée, prisons).
Elle défend donc l’action directe, la solidarité, et parfois même la désobéissance civile comme moyens de résistance.
?? 3. Le féminisme libertaire
Emma Goldman est l’une des premières féministes radicales à relier la question des femmes à la critique globale de la société autoritaire.
Elle dénonçait :
- Le mariage comme une forme d’asservissement économique et moral des femmes,
- Le contrôle du corps féminin par l’État et la religion,
- L’idée que la libération des femmes passerait uniquement par le droit de vote (elle considérait cela comme une illusion de liberté).
Elle prônait au contraire :
- L’amour libre, c’est-à-dire des relations fondées sur le consentement et l’égalité,
- Le contrôle des naissances,
- L’autonomie intellectuelle et économique des femmes.
« Le mariage et l’amour n’ont rien en commun sauf qu’ils se trouvent souvent en opposition. »
?? 4. L’individualisme et la liberté intérieure
Goldman s’inspire de penseurs comme Nietzsche et Kropotkine.
Elle met en avant une éthique de l’individualité créatrice : chaque personne doit s’épanouir librement, sans subir la morale imposée par la société.
Mais cet individualisme n’est pas égoïste : il est solidaire, car une société libre ne peut exister que si les individus le sont réellement.
? 5. L’art, la révolte et la joie de vivre
Contrairement à beaucoup de militants de son époque, Goldman valorisait la joie, la beauté et l’art comme parties intégrantes de la révolution.
La liberté n’a de sens que si elle permet de danser, aimer, créer et vivre pleinement.
« Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution. »

